Page:Voragine - Légende dorée.djvu/598

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Une autre fois, François lui-même, étant ravi en extase, vit au-dessus de sa tête un séraphin crucifié, qui lui imprima si profondément les signes de la crucifixion que ce fut comme si François avait été vraiment crucifié. Et désormais le saint porta sur ses mains, ses pieds, et son côté, les stigmates de la croix ; mais, dans son humilité, il les cachait avec tant de soin, que peu d’hommes les virent avant sa mort, où, au contraire, tous purent les voir. Et la réalité de ces stigmates s’attesta encore par de nombreux miracles, parmi lesquels nous nous bornerons à citer les deux suivants :

1o Dans la Pouille, un homme appelé Roger, étant devant une image de saint François, se demanda si le miracle des stigmates était vrai, ou si ce n’était pas une pieuse illusion, ou même une supercherie des frères. Et aussitôt, il entendit comme le bruit d’une flèche, et il se sentit la main gauche traversée, sous son gant ; et en effet, quand il eût ôté le gant, il vit que sa paume était grièvement blessée. Mais comme il se repentait, et se jurait qu’il ne cesserait plus désormais de croire aux stigmates de saint François, sa blessure disparut peu de temps après.

2o Dans le royaume de Castille, un homme, qui se rendait en pèlerinage à une église de saint François, tomba dans un piège préparé pour un autre homme, et fut mortellement blessé. Or, au milieu de la nuit, comme la cloche des frères sonnait pour les matines, la femme du mort se mit à crier : « Mon mari, lève-toi et va aux matines, car la cloche t’appelle ! » Et aussitôt le mort fit un signe de la main comme pour demander qu’on retirât l’épée qui lui traversait la gorge ; et une main invisible retira cette épée et le mort se releva, entièrement guéri. Et il dit : « Saint François, venu à mon secours, a apposé ses stigmates sur mes blessures, et, par leur contact, les a miraculeusement guéries. Puis, comme il voulait repartir, je lui ai fait signe de retirer l’épée que j’avais dans la gorge, et qui m’empêchait de parler ! »

Saint François et saint Dominique, ces deux flambeaux du monde, se rencontrèrent à Rome devant