Page:Voragine - Légende dorée.djvu/597

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Étant venu à Arezzo et y ayant trouvé la guerre civile, il dit à frère Sylvestre, son compagnon : « Va devant la porte de la ville, et, de la part Dieu, ordonne aux démons de sortir de la ville ! » Et à peine Sylvestre eut-il obéi que les citoyens d’Arezzo se réconcilièrent. — Ce même Sylvestre, pendant qu’il n’était encore que prêtre séculier, vit en songe une croix d’or qui sortait de la bouche de François, et dont les bras embrassaient toute la terre. Aussitôt il renonça au monde pour imiter l’exemple de l’homme de Dieu.

Pendant que François était en prière, trois fois le diable l’appela par son nom. Et, chaque fois, François lui répondit ; après quoi il ajouta : « Il n’y a point de pécheur au monde qui ne puisse espérer de Dieu son pardon s’il se convertit ! » Alors le diable, voyant qu’il ne pouvait pas le tenter de cette manière, lui envoya une cruelle tentation de la chair. Et François, ayant enlevé son manteau, se frappait avec sa ceinture en disant : « Hélas, mon frère âne, voilà comment il faut que tu subisses le fouet ! » Puis, comme la tentation persistait, il se roula dans la neige ; et, ayant fait sept petits tas de neige, il dit à son corps : « Regarde, voici ta femme, voici tes deux fils et tes deux filles, et voici ton serviteur et ta servante ! Hâte-toi de les vêtir, car ils meurent de froid ! Et si tu trouves trop difficile de t’occuper d’eux, ne t’occupe donc que de servir ton maître ! » Aussitôt le diable, tout confus, s’en alla ; et François, glorifiant Dieu, rentra dans sa cellule.

Un frère, compagnon du saint, ayant été ravi en extase, vit les trônes du ciel, et, parmi eux, un trône plus haut et plus brillant que les autres. Et une voix lui dit : « C’était le siège d’un des archanges déchus ; et maintenant nous le préparons pour l’humble François. » Alors, s’éveillant, le frère demanda à François ce qu’il pensait de lui-même. Et François : « Je m’apparais comme le plus grand des pécheurs. » Aussitôt l’Esprit-Saint dit à l’oreille du frère : « Reconnais combien était vraie ta vision ; car ce siège, perdu par l’orgueil, sera gagné par l’humilité ! »