Page:Voragine - Légende dorée.djvu/601

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de prendre la bourse et de l’ouvrir ; et ils virent qu’au lieu d’argent elle contenait une grosse vipère. Sur quoi le saint dit : « L’argent, pour les serviteurs de Dieu, n’est jamais autre chose qu’une vipère venimeuse. »

Étant l’hôte d’un habitant d’Alexandrie, en Lombardie, cet homme lui demanda que, pour observer le précepte de l’évangile, il consentît à manger tout ce qu’on lui servirait. Le saint promit ; et l’hôte lui fit servir un magnifique chapon. Ce qu’apprenant, un impie se présenta devant eux, pendant qu’ils mangeaient, et leur demanda l’aumône au nom de Dieu. Saint François lui fit aussitôt donner une part du chapon ; et l’impie, au lieu de la manger, la garda avec soin ; puis, le lendemain, pendant que le saint prêchait, il montra le morceau en disant : « Tenez, voici de quoi se nourrit cet homme, que vous honorez comme un saint ! Car c’est lui-même qui m’a donné, hier soir, ce reste de sa table ! » Et il montrait le morceau de chapon, mais la foule ne voyait qu’un morceau de poisson, et l’on traitait de fou l’accusateur du saint. Et quand celui-ci s’aperçut du miracle, tout honteux il demanda pardon ; et aussitôt la viande reprit sa forme première.

François voulait qu’on traitât avec un respect tout particulier les mains des prêtres, qui ont le pouvoir de transformer le pain en le corps de Dieu. Et il disait souvent : « Si je rencontrais ensemble un grand saint du ciel et un pauvre petit prêtre, je courrais d’abord baiser les mains du prêtre, et je dirais au saint : « Attends-moi un instant, saint Laurent, car les mains de cet homme produisent le Verbe vivant, et il faut d’abord que je leur fasse ma révérence ! »

Innombrables sont les miracles qu’il opéra pendant sa vie. Le pain même qu’on lui apportait à bénir guéris sait les malades. Il changeait l’eau en vin, et tout malade qui goûtait de ce vin recouvrait la santé. Et quand, après une longue maladie, il sentit la mort s’approcher, il se fit déposer sur la terre nue, bénit tous ses frères, et, en souvenir de la Cène, partagea entre eux une bouchée de pain. Il invitait la mort elle-même à louer