Page:Voragine - Légende dorée.djvu/606

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Et elle servait Dieu dans l’abstinence, et bientôt elle devint célèbre dans toute la région, sous le nom de frère Pelage. Or, un diacre de l’évêque Néron étant venu à Jérusalem pour visiter les lieux saints, l’évêque de Jérusalem lui parla d’un saint ermite nommé Pelage, et l’engagea à aller le voir. Et Pélagie aussitôt le reconnut, tandis que lui ne la reconnaissait point, amaigrie et changée comme elle l’était. Et elle lui dit : « L’évêque Néron vit-il encore ? » Et lui : « Oui. » Et elle : « Qu’il prie le Seigneur pour moi, car c’est vraiment un apôtre du Christ ! » Le lendemain, le diacre revint la voir ; mais, comme il frappait à sa porte sans obtenir de réponse, il ouvrit la fenêtre de la cellule, et vit que le frère Pelage était mort. Il courut annoncer la chose à l’évêque, qui vint, avec son clergé et ses moines, pour ensevelir le saint ermite. Et voilà qu’en retirant de la cellule le cadavre du défunt, on découvrit que celui-ci était une femme ! Sainte Pélagie mourut le 8 octobre de l’an du Seigneur 290.




CXLIX


SAINTE MARGUERITE, VIERGE
(8 octobre)


Marguerite était une vierge très belle, très noble et très riche. Elle fut élevée par ses parents dans un tel amour des bonnes mœurs et de la pudeur qu’elle s’efforçait, autant que possible, de se dérober aux regards des hommes. Elle fut enfin demandée en mariage par un jeune noble ; et, comme les deux familles consentaient à cette union, le jour des noces fut décidé. Mais, ce jour-là, pendant que toute la noblesse de la ville célébrait joyeusement la fête nuptiale, la jeune fiancée, prosternée à terre et toute en larmes, songea avec épouvante à l’ordure qu’étaient toutes les joies de cette vie en com-