Page:Voragine - Légende dorée.djvu/610

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découvrant ainsi la volonté du ciel, s’empressa d’aller au monastère pour ouvrir la cellule de la pénitente. Mais celle-ci le suppliait de la laisser enfermée. Et il lui dit : « Sors de là, car Dieu t’a remis tes péchés. Il te les a remis non seulement à cause de ta pénitence, mais parce que tu as toujours gardé sa crainte au fond de ton âme ! » Elle vécut encore quinze jours, et s’endormit en paix.

Un autre solitaire nommé Éphrem, voulut convertir de la même façon une autre courtisane. Comme celle-ci essayait impudemment de l’inciter au péché, il lui dit : « Suis-moi ! » Après quoi il la conduisit dans un lieu où se trouvait une grande foule, et il lui dit : « Couche-toi, pour que je m’unisse à toi ! » Et elle : « Comment pourrais-je faire cela, quand toute cette foule me regarde ? » Et Éphrem : « Si tu rougis d’être vue par des hommes, ne devrais-tu pas rougir bien plus encore devant ton Créateur, dont le regard pénètre jusqu’au plus profond des ténèbres ? » Alors la courtisane, toute confuse, s’enfuit.




CLI


SAINTS DENIS RUSTIQUE ET ÉLEUTHÈRE, MARTYRS
(9 octobre)


I. Denis l’Aréopagite fut converti à la foi du Christ par l’apôtre saint Paul. Son surnom d’Aréopagite lui venait du nom d’un faubourg d’Athènes où il demeurait, et qui s’appelait Aréopage, c’est-à-dire faubourg de Mars, parce qu’on y voyait un temple du dieu Mars. Dans ce faubourg, qui était la demeure favorite des savants, Denis se livrait à l’étude de la philosophie, et on l’appelait aussi le Théosophe, c’est-à-dire l’homme versé dans la science de Dieu. Et il avait avec lui un compagnon d’études nommé Apollophane. Or, le jour de la passion du Christ, la ville d’Athènes, de même que le monde entier, fut soudain