Page:Voragine - Légende dorée.djvu/617

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vérités de la foi. Et telle fut sa faveur auprès de son souverain qu’il obtint la permission de mettre en liberté tous les prisonniers qu’il voulait délivrer. Longtemps le roi le garda près de lui, jusqu’à ce qu’enfin la voix du peuple le contraignit à lui offrir un évêché. Mais Léonard refusa cet honneur, et, aspirant à la solitude, il se rendit à Orléans avec un autre chrétien nommé Liphard. Ils vécurent là pendant quelque temps de la vie cénobitique ; mais ensuite Liphard resta seul sur la rive de la Loire, et Léonard, conduit par l’Esprit-Saint, se rendit en Aquitaine pour y prêcher le Christ. Il prêchait dans les villes et les villages, et opérait de nombreux miracles ; mais, de préférence, il habitait dans une forêt voisine de Limoges, où se trouvait une des chasses favorites du roi. Or, un jour, comme le roi était venu chasser dans la forêt, et que la reine, par amour pour lui, l’y avait suivi, celle-ci éprouva soudain les douleurs de l’enfantement. Le roi et toute la cour s’affligeaient fort du danger où ils la voyaient ; et Léonard, qui passait parla, entendit leurs gémissements. Ému de pitié, il aborda le roi, qui, en apprenant qu’il était disciple de saint Rémi, s’empressa de le conduire auprès de la reine, afin qu’il priât pour elle et pour l’enfant qui allait naître. Léonard se mit en prière, et obtint aussitôt ce qu’il demandait à Dieu. Alors le roi lui offrit de nombreux présents ; mais le saint les refusa, l’engageant plutôt à les donner aux pauvres. Du moins le roi voulut lui donner la forêt où se trouvait son ermitage. Mais lui : « Non, je n’aurais que faire de toute la forêt ; mais donne-moi seulement l’espace que pourra parcourir mon petit âne durant la nuit ! » Ce à quoi le roi consentit volontiers. Et Léonard, dans l’espace ainsi obtenu, construisit un monastère, où il vécut dans l’abstinence en compagnie de deux moines. Et il appela ce lieu Nobliac, pour rappeler la grande noblesse du roi qui le lui avait donné. Et comme l’eau manquait à une lieue alentour, Léonard fit creuser un puits, pria, et le puits se remplit d’eau. Et il brilla par tant de miracles que tout prisonnier qui invoquait son nom se trouvait aussitôt délivré, en sou-