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Page:Voragine - Légende dorée.djvu/618

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venir de quoi il offrait au saint les chaînes de ses mains et de ses pieds. Et plusieurs de ces prisonniers restèrent avec lui pour servir le Seigneur. Il y eut aussi sept familles nobles qui, vendant tous leurs biens, et en distribuant le profit aux pauvres, vinrent demeurer près de lui dans la forêt. Enfin saint Léonard rendit son âme à Dieu le quinzième jour d’octobre ; et, après sa mort, une voix d’en haut révéla au clergé de son église que, à cause de l’affluence de la foule, son corps eût à être transporté dans une église nouvelle. Le clergé et le peuple passèrent alors trois jours dans le jeûne et la prière ; après quoi, regardant autour d’eux, ils virent toute la région couverte de neige, à l’exception d’un seul endroit qui était resté vert. Et ils comprirent que c’était là que saint Léonard voulait être enseveli. Ils l’y transportèrent donc ; et l’énorme quantité de chaînes qu’on voit, aujourd’hui encore, suspendues en ex-voto autour de sa tombe, suffisent à prouver combien il a opéré de miracles en faveur des prisonniers.

II. Le vicomte de Limoges, pour effrayer les méchants, avait fait sceller au pied de la plus haute tour de son palais une lourde chaîne qu’il faisait attacher au cou des criminels ; et ceux-ci, exposés aux intempéries de l’air, souffraient là un supplice pire que mille morts. Or un serviteur de saint Léonard se trouva un jour attaché à cette chaîne sans avoir fait aucun mal ; dans sa détresse, il pria saint Léonard de le délivrer, lui rappelant combien d’autres prisonniers il avait déjà délivrés. Et aussitôt, le saint lui apparut, tout vêtu de blanc, et lui dit : « Ne crains rien, mais prends cette chaîne, et suis-moi jusqu’à mon église ! » Devant la porte de l’église, le saint disparut ; et le prisonnier, après avoir raconté à tous sa miraculeuse aventure, suspendit la grosse chaîne au-dessus du tombeau.

III. Un homme vivait, auprès du monastère de saint Léonard, qui entretenait pour le saint une dévotion toute particulière. Cet homme fut pris par un tyran. Et le tyran se disait : « Léonard délivre tous les prisonniers : tous mes efforts seront vains pour l’empêcher de délivrer