Page:Voragine - Légende dorée.djvu/643

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se rafraîchir les membres malades. Mais un jour l’évêque entendit sortir du glaçon une voix humaine qui lui dit : « Je suis une âme condamnée à séjourner dans ce glaçon pour mes péchés ; et je pourrais être délivrée si tu disais pour moi trente messes pendant trente jours de suite ! » Mais comme l’évêque avait déjà dit la moitié des trente messes, et se préparait à en dire une nouvelle, le diable souleva un grand conflit entré les habitants de la ville : l’évêque, mandé pour apaiser la discorde, se dépouilla de ses ornements sacrés, et ne dit point la messe ce jour-là. Il eût donc à recommencer le lendemain une nouvelle trentaine, et déjà il avait dit vingt messes lorsqu’une immense armée assiégea la ville, et l’obligeai cette fois encore, à passer la journée loin de son église. Il recommença, le lendemain, une nouvelle trentaine ; et déjà il s’apprêtait pour la dernière messe lorsqu’on vint lui annoncer que sa maison était en feu. Mais, comme on voulait qu’il interrompît sa messe, il s’écria : « Si même la ville entière brûlait, je dirais ma messe jusqu’au bout ! » Et à peine l’eût-il dite que-la glace fondit, et que le feu s’évanouit comme un brouillard, sans laisser aucun dommage.

Troisième cause : notre instruction. Des âmes peuvent être placées en un lieu d’où elles nous avertissent de la grandeur des peines que nous vaudront nos péchés. C’est de quoi nous avons un exemple dans un fait arrivé à Paris, et qui nous est raconté par le Chantre Parisien. Maître Silo avait demandé à un docteur de ses amis, qui était malade, de revenir, après sa mort, pour lui faire part de l’état où Use trouvait. Quelques jours après le docteur défunt lui apparut tout vêtu d’une chape de parchemin où étaient inscrits des sophismes ; et, à l’intérieur, cette chape était garnie de charbons ardents. Et il dit à son ancien compagnon : « Cette chape pèse plus lourdement à mon corps que si je portais une tour sur mes épaules ! Elle m’a été imposée en punition de la gloire que m’avaient value mes sophismes. » Et comme maître Silo estimait que c’était là une punition assez facile à supporter, le défunt lui dit de lui toucher la main, et de