Page:Voragine - Légende dorée.djvu/644

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sa main, fit tomber sur lui une goutte de sueur : cette goutte perfora la main de maître Silo plus cruellement que n’aurait fait une flèche, et il y sentit une douleur épouvantable. Alors le défunt lui dit : « Voilà ce que je sens dans tout mon corps ! » Sur quoi maître Silo, effrayé de l’énormité d’une telle peine, résolut de renoncer au siècle et d’entrer en religion, ce qu’il fit après avoir d’abord composé, à l’usage de ses collègues et élèves, le distique suivant :

Linquo choas ranis, cra corvis, vanaque vanis.
Ad logicam pergo quæ mortis non timet ergo[1].

Quatrième cause : l’expiation d’une faute. Saint Augustin dit en effet que certaines âmes subissent leur peine dans le lieu même où elles ont commis leur faute, et c’est ce que prouve Un exemple raconté par saint Grégoire dans son quatrième dialogue. Un prêtre trouvait toujours, lorsqu’il entrait dans son bain, un homme inconnu qui le servait avec de grands égards. Et comme un jour, pour le récompenser, il lui offrait du pain bénit, l’inconnu lui répondit tristement : « Hélas, mon Père, je ne puis touchera ce pain consacré ! J’étais autrefois le maître de ce lieu, et j’y suis retenu aujourd’hui ; après ma mort, en punition de mes fautes. Mais je te prie d’offrir à Dieu ce pain pour mes péchés ; et, le jour où tu ne me trouveras plus ici, tu sauras que tes prières auront été exaucées. » Le prêtre offrit pour lui la sainte hostie pendant une semaine ; après quoi quand il revint au bain, il ne le trouva plus.

Cinquième cause : la prière d’un saint. C’est ainsi que, dans le chapitre consacré à la fête de saint Patrice, nous avons, raconté comment ce saint a obtenu, pour certains morts, d’avoir leur purgatoire en un certain lieu sous la terre.

  1. J’abandonne le coassement aux grenouilles, le croassement aux corbeaux et les vanités aux vains ; et je vais vers la seule logique qui ne redoute point les ergo de la mort.