Page:Voragine - Légende dorée.djvu/648

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à la fornification des hommes d’église qui demeuraient chez elle ; 2o d’accueillir chez soi des pauvres, mais pour les renvoyer ensuite nus, au milieu de la nuit ; 3o d’empêcher les prières à l’église, en parlant très haut ; et 4o de ne souffler mot de tout cela à âme qui vive. Or, comme cette, femme allait mourir, et que son fils l’engageait à se confesser, elle lui avoua ce qu’elle avait fait, et lui dit que, tel étant son cas, aucune confession ne pourrait la sauver. Mais comme le fils insistait en pleurant, et promettait de faire pour elle autant de pénitence qu’il faudrait, elle finit par consentir à ce qu’il allât chercher un prêtre. Mais, avant que le prêtre ne fût arrivé, les démons se jetèrent sur elle, lui causant une frayeur si forte, qu’elle en mourut. Son fils n’en confessa pas moins au prêtre le péché de sa mère ; et celle-ci, après qu’il eût fait pénitence pendant sept ans, lui apparut, pour le remercier de l’avoir délivrée.

Mais nous devons ajouter que ces suffrages, pour avoir de la valeur, doivent provenir de personnes étant elles-mêmes vertueuses : car les suffrages des méchants ne servent de rien aux âmes des défunts. Un soldat était couché avec sa femme dans son lit ; et, comme la lune envoyait ses rayons dans la chambre, le soldat s’étonnait de ce que les créatures raisonnables refusassent d’obéir à la loi divine, tandis que les êtres sans raison y obéissaient : après quoi il se mit à parler des péchés d’un de ses camarades, qui était mort. Mais au même instant le mort entra dans la chambre et lui dit : « Mon ami, ne pense mal de personne ; et, si j’ai péché envers toi, pardonne-le-moi ! » Le soldat lui ayant demandé en quel état il se trouvait, il répondit : « Je suis torturé de mille façons, en punition surtout d’avoir violé un cimetière et d’y avoir blessé quelqu’un pour lui dérober sa cape. C’est cette cape que je suis condamné à porter sur mon dos ; et une montagne n’y pèserait pas davantage ! » Il demanda à son camarade de faire dire des prières pour lui. Mais comme son camarade lui proposait de les faire dire par tel et tel prêtre, le mort, sans rien répondre, secouait la tête en signe de refus. Enfin