Page:Voragine - Légende dorée.djvu/649

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le vivant lui demanda s’il voulait qu’un certain ermite priât pour lui. Et le mort : « Oh ! plût à Dieu que celui-là consentit à prier pour moi ! » Et il dit encore à son compagnon, avant de disparaître : « Je te préviens que, dans deux ans d’aujourd’hui, tu mourras à ton tour ! » De telle sorte que le soldat put changer de vie, et s’endormir dans le Seigneur.

Quand nous disons que les suffrages offerts par les méchants ne peuvent servir aux morts, on entend bien que nous voulons parler des prières, jeûnes, etc., mais non des sacrements, tels que la célébration de la messe, dont le plus mauvais prêtre ne saurait empêcher le caractère sacré. Et les mourants doivent, à ce propos, se garder de commettre à des méchants le soin de veiller, après leur mort, sur le salut de leurs âmes, afin que ne leur arrive point l’aventure qui arriva à certain soldat partant pour combattre les Maures avec Charlemagne. Ce soldat avait demandé à un de ses parents, au cas où il mourrait, de vendre son cheval et d’en distribuer le prix aux pauvres. Après quoi le soldat mourut : mais son parent, trouvant le cheval à son goût, le garda pour lui. Or, peu de temps après, le mort lui apparut et lui dit : « Infidèle parent, tu m’as fait souffrir pendant huit jours les peines du purgatoire, en ne donnant pas aux pauvres le prix de mon cheval ; mais tu en seras puni, car, aujourd’hui même, les diables vont emporter ton âme en enfer ! » Et, au même instant, on entendit dans l’air une grande clameur, comme des cris de lions, d’ours et de loups ; et l’âme du mauvais parent fut emportée en enfer.




CLXI


LES QUATRE COURONNÉS, MARTYRS
(8 novembre)


Les quatre couronnés s’appelaient Sévère, Sévérien, Carpophore et Victorin. Par l’ordre de Dioclétien, ils