Page:Voragine - Légende dorée.djvu/655

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Les mêmes auteurs nous racontent comment le saint ressuscita un mort. Une mère l’ayant prié de ressusciter son jeune fils, qui venait de mourir, le saint s’agenouilla, en présence d’une foule innombrable de païens, et aussitôt l’enfant revint à la vie : sur quoi tous les païens reçurent la foi.

Telle était la sainteté de Martin que tout lui obéissait, même les éléments, les arbres, et les bêtes. Un jour qu’il avait mis le feu à un temple païen, et que le vent avait porté la flamme sur une maison voisine, il monta sur le toit de cette maison, se plaça au milieu de la flamme ; et l’on vit celle-ci se retourner contre le vent pour épargner la maison. Une autre fois, dans un naufrage, un marchand non encore converti s’écria : « Dieu de Martin, sauve-nous ! » et aussitôt le calme succéda à la tempête. Une autre fois, comme Martin voulait abattre un pin consacré au diable, en présence d’une foule de paysans, un de ceux-ci lui dit : « Si tu as vraiment confiance en ton Dieu, laisse-nous abattre cet arbre et le faire tomber sur toi ! » Et au moment où l’arbre était sur le point de tomber, Martin fit le signe de la croix, et l’arbre, retombant de l’autre côté, faillit écraser les paysans qui se trouvaient là, et qui, devant ce miracle, se convertirent à la foi. Un autre jour, voyant des chiens qui poursuivaient un lièvre, il leur ordonna de renoncer à leur poursuite : aussitôt les chiens s’arrêtèrent, et vinrent se ranger près du saint, comme s’ils étaient tenus à la laisse. Un autre jour, sur son ordre, un serpent qui traversait un fleuve rebroussa chemin et retourna d’où il était venu. Et saint Martin, gémissant, s’écria : « Les serpents m’écoutent, et les hommes ne veulent pas m’écouter ! »

Parmi les vertus du saint, on doit citer ; d’abord, l’humilité. Étant à Paris, il alla au-devant d’un lépreux qui faisait horreur à tous, l’embrassa, le bénit et lui rendit la santé. Jamais il ne voulut s’asseoir dans sa cathèdre : il s’asseyait sur un petit siège rustique du genre des trépieds. En second lieu, il brilla par sa dignité : car il fut égal aux apôtres par les grâces qu’il reçut du Saint-Esprit. Un jour, comme il était seul dans sa cellule,