Page:Voragine - Légende dorée.djvu/656

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et que ses disciples, Sévère et Gallus, l’attendaient devant la porte, ceux-ci entendirent soudain plusieurs voix féminines qui s’entretenaient avec lui. Ils lui demandèrent ensuite ce qui en était. Et lui : « Je veux bien vous le dire, mais à la condition que vous ne le répétiez à personne. Sachez donc que les saintes Agnès, Thècle, et Marie ont daigné me faire visite ! » Et il avoua que souvent il recevait la visite de ces saintes, ainsi que celle des apôtres Pierre et Paul. En troisième lieu, il brilla par sa justice. Ayant été un jour invité à dîner par l’empereur Maxime, et ayant tenu, le premier, la coupe en main, il ne passa pas ensuite celle-ci à l’empereur, comme on s’y attendait, mais à un de ses prêtres, qu’il estimait le plus digne de cet honneur. En quatrième lieu il brillait par la patience. Durant son épiscopat, il se laissait impunément injurier par ses clercs, et sans cesser, pour cela, de leur témoigner sa faveur. Jamais personne ne le vit se fâcher, ni s’affliger, ni railler. Un jour, comme il s’avançait sur son âne, vêtu d’un manteau noir, et que, à sa vue, les chevaux d’une compagnie de soldats s’étaient effrayés, les soldats se jetèrent sur lui et le battirent cruellement. Mais plus ils le frappaient, moins il paraissait se soucier de leurs coups. Puis, quand ils voulurent remonter sur leurs chevaux, ces bêtes refusèrent de bouger, malgré tous les coups de fouet : si bien que les soldats, revenant vers Martin, lui demandèrent pardon de leurs péchés ; et, sur l’ordre du saint, les chevaux consentirent à se remettre en route. Martin brillait aussi par l’assiduité dans la prière. Même quand il lisait ou travaillait, il ne cessait point de prier. Et il brillait aussi par l’austérité. Son disciple Sévère raconte, dans sa lettre à Eusèbe, que Martin, étant un jour venu dans une ville de son diocèse, y trouva, préparé à son intention, un lit moelleux ; et lui, ayant horreur de ce luxe, se coucha sur le sol, sans autre vêtement qu’un cilice ainsi qu’il faisait tous les jours. Or, vers minuit, la paille qu’il avait rejetée prit feu ; et Martin, s’éveillant, se trouva entouré par les flammes. Il fit alors le signe de la croix ; et quand les moines, effrayés, accoururent s’attendant à le trouver