Page:Voragine - Légende dorée.djvu/705

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ment, ajoutant qu’avec de douces flatteries on en viendrait mieux à bout. Aussi, le lendemain, le roi dit-il à son, fils, en le couvrant de baisers : « Mon fils chéri, honore et respecte ton vieux père ! Ne sais-tu pas le bien que c’est d’obéir à son père et de le rendre heureux ? Ne sais-tu pas que tous ceux qui y ont manqué ont péri misérablement ? » Et Josaphat : « Il y a un temps pour aimer et un temps pour obéir, un temps de paix et un temps de guerre. Mais, à ceux qui nous détournent de Dieu, nous ne devons jamais obéir, fussent-ils même nos parents, ! » Alors le roi, voyant sa constance : « Puisque rien ne peut te fléchir, viens, et nous croirons tous deux aux mêmes vérités. Barlaam, qui t’a converti, est ici prisonnier. Convoque tous les chrétiens, et que les hommes de ma religion et ceux de la tienne discutent librement ! Si ce sont les chrétiens qui l’emportent, nous croirons à leur Dieu ; et si ce sont les hommes de notre religion, tu renonceras à ton christianisme ! » Josaphat consentit à cette proposition et fut mis en présence du faux Barlaam.

Aussitôt il lui dit : « Tu sais, Barlaam, comment tu m’as instruit ! Si donc tu défends la foi que tu m’as enseignée, je resterai ton disciple jusqu’à la fin de mes jours. Mais si, au contraire, tu te laisses vaincre, j’arracherai moi-même ton cœur et ta langue et les donnerai aux chiens, pour que désormais personne ne s’avise plus d’induire en erreur un fils de roi ! » Ce qu’entendant le faux Barlaam, dont le vrai nom était Nachor, trembla et se troubla cruellement, car il se voyait pris à son propre piège. Il réfléchit que le plus prudent était d’être de l’avis du fils du roi. Or un rhéteur se leva et lui dit : « Es-tu Barlaam, qui as induit en erreur le fils du roi ? » Et lui : « Je suis Barlaam, qui n’ai pas induit en erreur le fils du roi, mais au contraire qui l’ai délivré de l’erreur ! » Et le rhéteur : « Alors que les plus sages et les plus savants des hommes ont adoré nos dieux, comment oses-tu t’insurger contre eux ? » Et le faux Barlaam : « Les Chaldéens, les Grecs et les Égyptiens ont commis l’erreur de prendre pour des dieux de simples créatures.