Page:Voragine - Légende dorée.djvu/706

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Les Chaldéens ont adoré les éléments, créés pour l’utilité de l’homme. Les Grecs ont adoré des hommes criminels, tels que Saturne, qui dévorait ses fils et s’était coupé ses parties génitales ; tels que Jupiter, qui, pour commettre l’adultère, aimait à prendre des formes d’animaux ; tels encore que Vénus, qui trompait son mari avec Adonis. Les Égyptiens ont adoré des bêtes, le bœuf, le mouton, le porc, et d’autres encore. Seuls les chrétiens adorent le fils du vrai Dieu qui est descendu des cieux pour sauver les hommes. » Et Nachor continua de défendre la foi chrétienne, en sorte que les rhéteurs, stupéfaits, ne surent que répondre. Et Josaphat se réjouissait fort de voir que le Seigneur faisait défendre la vérité par la bouche d’un ennemi. Mais le roi, au contraire, était furieux. Il s’empressa de lever la séance, sous prétexte d’ajourner le débat au lendemain. Et Josaphat lui dit : « Si tu ne veux pas qu’on doute de ta justice, permets à mon maître de passer la nuit avec moi, pour que nous convenions ensemble de nos réponses pour demain ! Et toi, de la même façon, entends-toi avec tes rhéteurs ! » Le roi et Nachor y consentirent, espérant toujours l’induire en erreur. Mais lorsque Nachor se rendit au palais de Josaphat, celui-ci lui dit : « Ne crois pas que j’ignore qui tu es ! Je sais que tu n’es pas Barlaam, mais l’astrologue Nachor. » Puis il lui exposa si bien les voies du salut qu’il le convertit. Et, le lendemain, Nachor s’en alla au désert, où, ayant reçu le baptême, il se fit ermite.

Cependant, un mage nommé Théodas, instruit de tout cela, vint trouver le roi et lui dit qu’il connaissait un moyen de détourner Josaphat de son christianisme. Et le roi : « Si tu parviens à cela, je t’élèverai une statue d’or et ordonnerai qu’on t’offre des sacrifices comme à un dieu ! » Alors Théodas : « Éloigne de ton fils tous ses compagnons, et introduis dans son palais des femmes belles et ornées, pour qu’elles le servent et passent tout leur temps avec lui ! Moi, je lui enverrai un de mes esprits, qui l’enflammera de concupiscence. Car rien n’a autant de pouvoir pour séduire les jeunes gens qu’un visage de femme ! Certain roi venait de voir naître un