Ah ! regardez ces monstres !…
Georges (se dirigeant vers le fond) : Grand Dieu !
Éva : Georges ! Georges ! arrête.
(Tartelet cesse de jouer. Les monstres ont disparu).
Ox : Oui ! restez… D’ailleurs vous le voyez, ils ont disparu.
Georges : Quels sont donc ces êtres étranges ?
Ox : Ceci est le premier des mystères qui nous auront été révélés. Il existe dans ces profondeurs souterraines tout un peuple d’être vivants.
Georges : Tout un peuple !
Valdemar : Tout un peuple !
Tartelet : D’êtres vivants ! Eh bien, nous lui inculquerons les premiers principes de la danse !
Valdemar : C’est peut-être un de ces messieurs qui m’a jeté la pierre !
Georges : Mais comment une race humaine aurait-elle pu se former dans ces profondeurs et y vivre ?
Volsius : Demandez cela au savant docteur Ox.
Ox : Rien n’est plus simple ! Il suffit que dans un de ces bouleversements de la nature qui ont eu lieu il y a des milliers d’années, il suffit que des habitants de la terre aient été engloutis ici ! Ils auront peuplé ces vastes solitudes, et leurs descendants modifiés peu à peu par le milieu dans lequel ils vivaient ont cessé de ressembler à la race humaine, et sont devenus ces êtres dégénérés que vous venez de voir.
Valdemar : Venez.
Éva : Il semblait, tout à l’heure, que la musique exerçât sur eux une sorte de fascination !
Maître Volsius : Oui, cela est vrai !
Georges : Que sont-ils devenus ? Mettons-nous à leur recherche.
Éva : Non non !
Ox : Ce qu’il importe de trouver maintenant, c’est le chemin par lequel nous arriverons à notre but.
Georges (On entend un grand bruit souterrain) : Écoutez ces bruits qui circulent à travers l’écorce terrestre.
Valdemar : Il a des convulsions, a présent.
Ox : Et, bientôt peut-être, le feu va nous ouvrir la voie qui communique de la terre au cratère du Vésuve.
Volsius : Et vous oseriez parcourir cette voie ?
Georges : Oui, oui !
Ox : Nous l’oserons !
Volsius : Mais je vous le répète, c’est plus que de la témérité, c’est…
Ox : C’est tout simplement du courage et le courage est-ce que vous connaissez cela M. le professeur Lidenbrok ?
Volsius : Allez donc où vous pousse votre orgueil (à Éva) Je ferai des vœux ardents pour vous, pauvre enfant, qui êtes la résignation, la vertu, la piété… (à Ox) : La piété et la vertu… Est-ce que vous connaissez cela M. le docteur Ox ? (Il sort).
Éva : Il s’éloigne.
Ox : Qu’il parte ! Qu’il nous délivre de ses lâches remontrances ! (nouveau bruit plus fort) Écoutez, écoutez encore ! c’est de ce côté que va s’ouvrir le chemin que nous cherchons !
Georges : Venez ! nous le chercherons ensemble !
Éva : Georges… (Ox et Georges sortent) Georges !
Valdemar : L’autre me paraît plus prudent ! Je vais tâcher de le rattraper (Il sort par l’autre côté.)
Éva : Hélas ! il n’entend même plus ma voix.
Tartelet : Mauvaise idée qu’a eue votre grand-mère d’appeler ce maudit docteur au château !
Éva : Il y serait venu tôt ou tard, mon ami !
Tartelet : Que voulez-vous dire ?
Éva : Tôt ou tard, il se serait emparé comme il