Page:Voyage A L'Ile-De-France ; Tome Second.pdf/44

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avait chassés parce qu'ils mangeaient les petits canards. Ils allaient, le jour, pêcher dans la rade, et revenaient coucher le soir à terre.

Le 10 février, on signala un navire français; c'était l'Alliance, un de ceux que l'ouragan avait forcés d'appareiller de Bourbon. Il avait perdu son artimon dans la tempête. Il ne put nous donner aucune nouvelle de l'Indien. Il prit quelques vivres et continua sa route pour l'Amérique, sans réparer la perte de son mât. Les Hollandais en ont de grandes provisions qu'ils conservent en les enterrant dans le sable, mais ils les vendent fort cher. Le mât de misaine de la Normande lui coûta mille écus.

Le 11, la Digue, flûte du roi, partie de l'Ile-de-France il y avait un mois, vint relâcher pour faire quelques provisions. Je connaissais le capitaine, M. Le Fer. Il me dit qu'il ne serait pas plus de huit jours au mouillage, et que de là il ferait route pour Lorient. Je ne comptais plus revoir l'Indien ni mes effets; cette occasion me parut favorable; je résolus d'en profiter.

Je fis part de ma résolution à M. Berg et à M. de Tolback: ils me réitérèrent l'un et l'autre l'offre de leur bourse. Un soir, soupant chez le gouverneur, on parla du vin de Constance. M. de Tolback me demanda si je n'en emporterais pas en Europe. Je lui répondis naturellement que le désordre arrivé dans mon économie ne me permettait pas de faire cette emplette, à