Page:Voyage A L'Ile-De-France ; Tome Second.pdf/45

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laquelle j'avais destiné une somme pour en faire présent à une personne à qui j'étais fort attaché. Il me dit qu'il voulait me tirer de cet embarras en me donnant une alverame de vin rouge ou blanc, ou toutes les deux à la fois si cela me faisait plaisir. Je lui répondis qu'une seule suffisait, et que je la présenterais de sa part à celui auquel je la destinais. «Non, dit-il, c'est vous à qui je la donne, afin que vous vous souveniez de moi. Je ne vous demande, pour toute reconnaissance, que de m'écrire à votre arrivée.» Il me l'envoya le lendemain. M. Berg, de son côté, à qui j'avais beaucoup parlé des honnêtetés que j'avais reçues de monsieur et de mademoiselle de Crémon, me dit qu'il se chargeait de ma reconnaissance, et qu'il leur enverrait de ma part vingt-quatre bouteilles de vin de Constance.

Dans une situation où je manquais de tout, je trouvais mon sort heureux d'avoir rencontré parmi des étrangers, des hommes si obligeans.

J'arrêtai avec le capitaine de la Digue mon passage en France, à raison de six cents livres. Il devait partir quelques jours après. J'usai, avec beaucoup de circonspection, du crédit de M. Berg. Je me fis faire un habit uni et un peu de linge. C'était-là tout l'équipage d'un officier qui revenait des Indes orientales. Non seulement j'avais perdu tous mes effets, mais je me trouvais endetté de plus de quatorze cents livres.

A peine j'avais fait mes arrangemens, que le