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Page:Voyage en Navarre pendant l'insurrection des Basques.pdf/63

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VOYAGE EN NAVARRE.

niers, saisie, confiscation, amende, prison peutêtre et procureur de roi, lorsqu’un chant nouveau le fit tout à coup tressaillir. — « Voici votre porte-manteau qui nous arrive, me dit-il ; » et tournant la tête, il fit entendre le cri national des Basques[1], exprimant l’audace, l’exaltation, le plaisir, et par lequel les aborigènes hispaniens semblent avoir imité le hennissement des coursiers de Lusitanie, appelant leurs cavales. Je crus distinguer, dans le groupe nouveau, la jolie brune du matin. L’apparition d’un inspecteur de police qui venait à cheval, vêtu d’une redingote grise et suivi de ses agens, m’empêcha d’aborder les jeunes filles : elles avaient aperçu le cavalier gris, et s’inspirant d’un à-propos malicieux, chantèrent à gorge déployée une de nos romances les plus populaires, que le lecteur me pardonnera de citer :

Tchorittoua, nourat houa,     Où vas-tu, petit oisseau,
Bi hegalez airian ? En l’air avec tes ailes ?

  1. Appelé, suivant le dialecte, zinkha, irrintzin, kikissaï, etc.