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Page:Voyage en Navarre pendant l'insurrection des Basques.pdf/73

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VOYAGE EN NAVARRE.

de fer tranchant. Les battemens monotones de cet instrument, sortant des maisons solitaires dont notre route se trouvait parsemée, étaient alors le seul bruit que l’on entendît dans le silence des collines.

Nous entrâmes dans le bois de Saint-Pé. Je voyais le hachero tourner incessamment la tête d’un côté et d’autre, et semblable au chien du chasseur, s’allonger, puis s’abaisser en marchant, afin de mieux plonger ses regards dans les clairières de la forêt. Il s’arrêta : — « Changarin…, dit-il d’une voix basse qui fit murmurer l’écho, peut-être que je suis encore ivre et que j’ai de vains fantômes dans les yeux : n’aperçois-tu rien que des troncs d’arbres, là-bas sur cette lisière ?… » — Le guide fixa quelques instans le point désigné. — « Je vois un douanier. — Et tu vois bien, Changarin, répliqua le hachero, dont les yeux étincelaient. Il échange un regard avec le guide, part comme un trait, glisse à traders les arbres, se courbe et disparaît. Jamais chat sauvage, guettant sa proie, ne rampa sur