Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
Histoire des États

qu’enfin voyant que tout ce qu’il avoit de gens à la garde de la petite porte defiloient peu à peu, & qu’il n’y avoit plus de ſeureté en ſes affaires, il les lui donna, avec ordre de dire à Aureng-Zebe qu’il le vint donc voir à preſent s’il étoit ſage, & qu’il avoit des choſes tout à fait importantes à lui dire ; mais, comme il pouvoit aſſez penſer, Aureng-Zebe étoit trop habile homme & en ſçavoit trop pour faire une ſi lourde faute ; bien loin de cela, il fit auſſi-tôt ſon Eunuque Etbarkan Gouverneur de la fortereſſe, lequel reſſerra incontinent Chah-Jehan tout à fait dans le dedans avec Begum-Saheb & toutes ſes femmes, faiſant murer pluſieurs portes, afin qu’il ne pût ni parler, ni écrire à perſonne, ni même ſortir de ſon appartement ſans permiſſion.

Aureng-Zebe lui écrivit cependant un petit billet qu’il fit voir à tout le monde, avant que de le cacheter, par lequel, entre autres choſes, il lui diſoit aſſez fechement qu’il ſçavoit de bonne part que nonobſtant toutes ces grandes proteſtations d’eſtime qu’il avoit pour lui, & de mépris qu’il avoit pour Dara, & nonobfſant cette grande affec-

tion