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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/101

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du grand Mogol.

tion qu’il lui témoignoit, il n’avoit pas laiſſé d’envoyer à Dara deux Elephants chargez de Roupies d’or pour le remettre ſur pied & recommencer la guerre ; & qu’ainſi, à bien prendre les choſes, ce n’étoit pas lui qui l’empriſonnoit, mais bien Dara, & que c’étoit proprement à lui à qui il s’en devoit prendre, puis qu’il étoit la cauſe de tous ſes malheurs, & que ſans lui il ſeroit venu le voir dès le premier jour, & lui rendre tous les devoirs qu’il pouvoit attendre d’un bon fils ; qu’au reſte il le ſupplioit de lui pardonner, & de ne s’impatienter point, & que deſlors qu’il auroit mis Dara hors du pouvoir d’executer ſes mauvais deſſeins, il viendroit lui même auſſi-tôt lui ouvrir les portes. J’ai entendu dire ſur ce billet qu’effectivement Chah-Jehan, dès la nuit même que partit Dara, lui avoit envoyé ces Elephans chargez de Roupies d’or, & que ce fut Rauchenara-Begum qui trouva moien d’en donner avis à Aureng-Zebe, comme elle avoit auſſi fait de ce mauvais tour qu’on lui preparoit avec ces femmes Tartares ; & que même Aureng-Zebe avoit ſurpris quelques lettres de Chah-Jehan à Dara.

J’en