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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/104

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Histoire des États

ſeilloient, puis qu’il étoit Roi, que tout le monde le traitoit de Majeſté & qu’Aureng-Zebe le reconnoiſſoit pour tel, qu’il le laiſſât aller pourſuivre Dara, & que pour lui il demeurât avec ſes troupes autour d’Agra & Dehli. S’il eût ſuivi ce conſeil, il eſt certain qu’il n’auroit pas peu embarraſſe Aureng-Zebe, mais il faut qu’il le neglige ; Aureng-Zebe a trop de bonheur ; Morad-Bakche ſe fie entierement à ſes promeſſes & aux ſermens de fidelité qu’ils s’étoient jurez l’un l’autre ſur l’Alcoran ; ils partirent enſemble & marcherent de même pas vers Dehli.

Quand ils furent arrivez à Maturas à trois ou quatre petites journées d’Agra, les amis de Morad-Bakche, qui s’appercevoient de quelque choſe, tenterent derechef de faire un effort ſur ſon eſprit, l’aſſurant qu’Aureng-Zebe avoit de mauvais deſſeins, & que ſans doute il ſe tramoit quelque choſe ; qu’on les en avertiſſoit de tous côtez & qu’abſolument pour ce jour-là du moins il n’étoit pas à propos qu’il l’allât viſiter dans ſa tente ; que ce ſeroit bien mieux fait de prevenir le coup & au plûtôt ; qu’il ne falloit que s’abſtenir de l’aller voir ce jour-là ſous pretex-

te