Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
du grand Mogol.

te de quelque indiſpoſition ; qu’il ne manqueroit pas auſſi-tôt de le venir viſiter, & que même à l’ordinaire il n’ameneroit que peu de monde : Mais quoi qu’on lui pût dire, il n’en crût rien, il eut les oreilles bouchées à tous les bons avis qu’on lui donna ; & comme s’il eût été enchanté de l’amitié d’Aureng-Zebe, il ne laiſſa pas dès le ſoir même de l’aller viſiter & de demeurer à ſouper avec lui : Si-tôt qu’il fut arrivé, Aureng-Zebe, qui l’attendoit & qui avoit déja preparé toutes choſes avec Minkan & trois ou quatre de ſes plus familiers Capitaines, ne manqua pas de l’embraſſer, & de redoubler ſes careſſes, ſes civilitez & ſes ſoumiſſions, juſqu’à lui paſſer doucement ſon mouchoir ſur le viſage pour lui eſſuyer la ſueur & la pouſſiere, ne le traitant toûjours que de Roi & de Majeſté. Cependant on ſert le ſouper, on mange, la converſation s’anime, on parle de toutes choſes à l’ordinaire, & ſur la fin on apporte une grande bouteille d’excellent vin de Chirat & quelques autres de vin de Caboul pour faire debauche, alors Aureng-Zebe, qui eſt ſerieux & qui affecte de paroître grand Mahumetan & fort regulier, ſe leva gaye-

ment