Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
du grand Mogol.

crier, cinq ou ſix perſonnes ſe jettent ſur lui, qui lui mettent les fers aux pieds & aux mains. La choſe ne ſe pût faire que quelques-uns de ſes gens qui étoient là autour n’en euſſent quelque nouvelle ; ils firent quelque bruit & voulurent entrer de force ; mais Allah-Couly un de ſes premiers Officiers, & le Maître de ſon Artillerie, qui étoit gagné de longue main, les menaça & les fit retirer ; l’on ne manqua pas à l’inſtant d’envoyer par toute l’Armée des gens qui tâcherent d’appaiſer ce premier mouvement qui pouvoit étre dangereux, ils ſoûtinrent que ce n’étoit rien ; qu’ils y étoient preſens ; que ſeulement Morad-Bakche s’étoit enyvré ; qu’en cet état là il s’étoit mis à dire des injures à tout le monde, juſqu’à Aureng-Zebe même, en ſorte qu’on avoit été obligé le voyant yvre & en furie de le reſerrer à part ; que demain au matin on le verroit ſortir quand il auroit cuvé ſon vin. Cependant les prefens marcherent toute la nuit chez les Chefs & les Officiers de l’Armée ; on leur augmenta leur paye ſur l’heure ; on leur donna de grandes eſperances ; & comme il n’y avoit perſonne qui ne ſe doutât déja depuis long-temps qu’il arri-

veroit