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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/113

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du grand Mogol.

que nous étions de Franguis.) Il y laiſſa auſſi la plupart de ſon treſor ; il ne manquoit point encore d’or & d’argent ; & ſans s’arrêter là que fort peu de jours, il partit avec deux ou trois mille hommes ſeulement, s’en alla deſcendre le long du fleuve Indus vers le Scimdy, & traverſant de là avec une viteſſe incroyable toutes ces terres du Raja Katche, fut ſe rendre dans le Guzarate & arriva aux portes d’Amed-Abad. Chah-Navaze-kan beau-pere d’Aureng-Zebe étoit là pour Gouverneur avec une fort bonne garniſon bien capable de reſiſter ; neanmoins ſoit qu’il fut ſurpris ou qu’il manquât de cœur (car quoi qu’il fût de la race de ces anciens Princes de Machate, il n’étoit pas pour cela grand homme de guerre, mais homme de plaiſir, fort galant & fort civil) il ne s’oppoſa point à Dara ; au contraire il le reçut très-honnorablement & le ſeut même traiter depuis avec tant d’adreſſe que Dara fut aſſez ſimple pour ſe confier à lui, & pour lui communiquer ſes deſſeins juſques à faire voir les lettres qu’il recevoit du Raja Jeſſomſeingue & de quantité d’autres de ſes amis qui ſe preparoient à le venir trouver & quoi qu’il ne fût que trop vrai ce que tout