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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/120

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Histoire des États

pour ſe faire mourir, & l’auroit, dit-on, effectivement avalé ſans que ſes femmes ſe jetterent ſur lui pour l’en empécher ; ſi bien qu’on tient que ſi Jeſſomſeingue eût eu l’eſprit & le courage de demeurer plus long-temps dans Agra ; qu’il eût menacé hardiment, promis & agi vigoureuſement pour la liberté de Chah-Jehan ; il l’auroit pû tirer de priſon, avec d’autant plus de facilité que tout Agra demeura deux jours entiers dans la croyance qu’Aureng-Zebe étoit vaincu. Mais Jeſſomſeingue qui ſçavoit comme tout s’étoit paſſé, & qui n’oſa reſter là ſi long-temps, ni rien entreprendre, ne fit que paſſer, & f ſe retirer en diligence ſur ſes terres.

Aureng-Zebe, qui apprehendoit tout du côté d’Agra, & qui craignoit que Jeſſomſeingue n’entreprit quelque choſe pour Chah-Jehan, ne s’arrêta pas long-tems à la pourſuite de Sultan Sujah ; il s’en retourna tout court en Agra avec toute ſon Armée, où il demeura long-temps donnant ordre à tout & s’aſſurant de tout. Cependant il eut nouvelles que Sultan Sujah n’avoit pas perdu grand monde dans ſa déroute pour n’avoir pas été pourſuivi fort loin ; que même de toutes

ces