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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/151

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du grand Mogol.

col. La tête fut incontinent portée à la fortereſſe devant Aureng-Zebé, qui commanda en même tems qu’on la mît dans un plat et qu’on aportât de l’eau : Il demanda un mouchoir, & après lui avoir bien fait laver le viſage, fait eſſuyer le ſang, & fort bien reconnu que c’étoit la veritable tête de Dara, il ſe mit à pleurer, diſant ces paroles, Ah Bed-bakt ! ah malheureux ! qu’on m’ôte cela de devant moi, & qu’on l’aille enterrer au Sepulchre de Houmayon.

Le ſoir on fit entrer dans le Serrail la fille de Dara, qui fut par après envoyée à Chah-Jehan & a Begum-Saheb qui la demanderent à Aureng-Zebe. Pour ce qui eſt de la femme de Dara, elle avoit déjà fini ſes jours à Lahor ; elle s’étoit empoiſonnée, prévoyant les extrémitez où elle alloit tomber avec ſon mari ; & Sepe-Chekouh fût conduit à Goüaleor ; & enfin à quelques jours delà l’on fit venir Gion-kan à l’Aſſemblée devant Aureng-Zebe ; on lui fit quelques preſens & on le renvoya ; mais étant proche de ſes terres il fut payé comme il meritoit, on le tua dans un bois ; Le cruel Barbare ne ſçachant pas que ſi les Rois ſouffrent quelquefois de ſemblables actions pour leurs intérêts, ils les ont

pour-