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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/169

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du grand Mogol.

ſatisfait de la generoſité des Kans, & exagera la beauté & la rareté des fruits, des chevaux, & des chameaux, & après les avoir entretenu un moment de l’état de l’Academie de Samarcande & de la fertilité de leur païs qui abonde en tant de chofes ſi rares & ſi excellentes ; il leur dit qu’ils s’allaſſent repoſer, & qu’il ſeroit bien-aiſe de les voir ſouvent. Ils ſortirent fort joyeux & contens de cette Audience, [illisible] ne s’étoient guere mis en peine de ce qu’ils etoient obligez de faire le Salam à l’Indienne, quoi qu’il reſſente un peu l’eſclave, & ne s’étoient guere piquez de ce que le Roi ne prit pas leurs lettres de leur main. Si on leur eût demandé de baiſer la terre & quelque choſe de plus bas, je croi qu’ils l’auroient fait ; il eſt vrai qu’en vain ils euſſent pretendu de ne ſalüer qu’à la façon de leur pays, & de donner eux mêmes leurs lettres au Roi en main propre ; car cela n’appartient qu’aux Ambaſſadeurs de Perfe, & on ne leur accorde même cette faveur qu’avec beaucoup de difficulté. Ils demeurerent plus de quatre mois à Dehly, quelque diligence qu’ils puſſent faire pour être congediez, ce qui les incommoda fort,

car