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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/177

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du grand Mogol.

au bras, craignant qu’elle ne s’en fût déja ſervie pour ſes deſſeins. J’étois alors proche de mon Agah quand on lui donna toutes ces nouvelles, & je m’aperceus qu’il dit en levant les mains au Ciel ; quelle force d’ame ! quel courage ! Dieu te reſerve Aureng-Zebe à de plus grandes choſes, il ne veut pas que tu meures ; & en effet depuis cet accident il revint peu à peu en convaleſcence.

Aureng-Zebe n’eut pas plutôt repris ſa ſanté qu’il eſſaya de tirer des mains de Chah-Jehan & de Begum-Saheb la fille de Dara, pour aſſurer le mariage de Sultan Ekbar ſon troiſiéme fils avec cette Princeſſe, à deſſein de l’autoriſer par là, & de lui donner même plus de droit à l’Empire ; car c’eſt celui qu’on croit qu’il y deſtine ; il eſt encore fort jeune, mais il a beaucoup de parens à la Cour très-puiſſans, & il eſt né de la fille de Chah-Navaze-kan, & par conſequent du ſang des anciens Souverains de Machate, Sultan Mahmoud & Sultan Mazum n’étant fils que de Ragipoutnys ou de filles de Rajas. Ces Rois, quoique Mahumetans, ne laiſſent pas de prendre des filles de Gentils pour quelque interêt

d’E