Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
Histoire des États

cin de mes Amis. Vous autres Sçavans n’étes-vous pas tous d’accord qu’il eſt des temps & des conjonctures ſi preſſantes qu’un Roi doit hazarder ſa vie pour ſes Sujets, & ſe doit ſacrifier pour leur défenſe les armes à la main ? Cependant ce delicat ne veut pas que je me peine l’eſprit, & que je ſois obligé de conſacrer mes veilles, & mes ſoins & quelques jours de ma vie, pour le bien public ; & ſemble me vouloir porter par ſes raiſons de ſanté à ne ſonger qu’à la paſſer doucement & à abandonner entierement les affaires & le gouvernement entre les mains de quelque Viſir ; & ne ſçait-il pas que la Providence m’ayant fait naître fils de Roi & m’ayant deſtiné à la Couronne, elle m’a par conſequent fait naître, non pas pour moi ſeul, mais pour le bien & le repos du public, & pour procurer une vie tranquile & heureuſe à mes Sujets, autant que la juſtice, l’authorité Royale & la ſeureté de l’Eſtat le peuvent permettre ? Il ne voit pas la conſequence de ſes conſeils, & combien de malheurs traînent d’ordinaire les Vizirats : Penſe-t-il que ce ſoit ſans raiſon que nôtre grand Sadi ait ſi hardiment prononcé ; Ceſſez Rois, ceſſez d’être Rois,

ou