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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/183

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du grand Mogol.

ou ſachez gouverner vos Royaumes vous mêmes. Va, dis à ton compatriote que j’agréerai toûjours les ſoins qu’il prendra à l’ordinaire dans l’exercice de ſa Charge, mais qu’il ne s’émancipe plus juſques à ce point : C’eſt bien aſſez de cette inclination naturelle que nous avons tous à vivre longuement & agreablement ſans ſouci & ſans embarras ; elle ne nous donne que trop ſouvent de ces ſortes de conſeils ſans qu’il ſoit beſoin d’autres Conſeillers, & nos femmes ne ſçavent que trop ſouvent nous faire pancher de ce côté-là.

En ce même temps l’on vit arriver un accident bien funeſte qui fit grand bruit dans Dehly, & principalement dans le Serrail, & qui deſabuſa quantité de perſonnes qui avoient de la peine à croire comme moi que les Eunuques, quoique coupez tout ras, devinſſent amoureux comme les autres hommes. Didar-kan l’un des premiers Eunuques du Serrail, & qui avoit fait bâtir une maison où il venoit ſouvent coucher & ſe divertir, devint amoureux d’une très-belle femme, ſœur d’un de ſes voiſins qui étoit un Ecrivain Gentil. Ces amourettes durerent aſſez long temps ſans que per-

ſonne