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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/195

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du grand Mogol.

en ayant point dans ſon païs ; mais il ſçavoit bien que ces Roupies ne ſortiroient pas du Royaume, & qu’ils en acheteroient des marchandiſes des Indes ; auſſi les employerent ils en fines toiles de coton pour faire des chemiſes à leur Roi, à la Reyne & à ſon Fils unique legitime qui doit être ſon ſucceſſeur, en Alachas ou étoffes de ſoye à rayes d’or ou d’argent pour faire des Veſtes & des calſons d’Eté, en Eſcarlatte d’Angleterre verte & rouge pour faire auſſi deux Abbs ou Veſtes à l’Arabe pour leur Roi ; en Eſpiceries, & en quantité de toiles plus groſſieres pour pluſieurs Damoiselles de ſon Serrail & pour les enfans qu’il a eu d’elles, le tout ſans payer de Doüanes.

Avec toute l’amitié que j’avois pour Murat, trois chofes me firent preſque repentir de les avoir ſervi. La premiere eſt que Murat m’ayant promis de me laiſſer pour cinquante Roupies un ſien petit Fils qui étoit fort bien fait, d’un noir fin, & qui n’avoit point ce gros nez écache, ni ces groſſes levres ordinaires aux Ethiopiens ; il me manqua de parole & me fit preſenter qu’il n’en vouloit pas

moins