l’Etat du Royaume, les Rênes du Gouvernement abandonnées entre les mains d’un Viſir, qui les entretient dans leur ignorance & dans leurs paſſions, qui ſont les plus puiſſans apuis qu’il ait pour pouvoir toujours gouverner à fantaiſie avec plus de ſûreté & moins de contradiction, & entre les mains de ces eſclaves leurs meres, de leurs Eunuques qui ne ſçavent ſouvent que tramer des intrigues de cruauté, ſe faiſant étrangler ou chaſſer les uns les autres & ſouvent les Viſirs mêmes & les plus grands Seigneurs, ſans que qui que ce ſoit qui a un peu de bien puiſſe étre en ſeureté de ſa vie.
Après tous ces Ambaſſadeurs dont nous avons parlé, l’on eut enfin nouvelle que celui de Perſe étoit ſur la frontiere. Les Omrahs Perſiens qui font au ſervice du Mogol faiſoient courir le bruit qu’il venoit pour des affaires de très-grande importance, quoi que les perſonnes intelligentes ſe doutaſſent aſſez qu’il ne devoit pas y avoir grand’choſe, que le temps des grands coups étoit paſſé, & que ce qu’en faiſoient les Omrahs & autres Perſiens c’étoit plûtôt pour ſe faire de fête & pour faire valoir leur nation qu’autrement. Ces mêmes Perſiens ajoûtoient
