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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/208

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Histoire des États

raph, lui fit des preſens conſiderables pour lui en particulier, ſe reſervant d’en envoyer à ſon Maître par un Ambaſſadeur exprès ; comme il le fit quelque temps après.

Nonobſtant tous les honneurs & toutes les careſſes qu’Aureng-Zebe avoit faites à l’Ambaffadeur, les mêmes Perſiens que j’ai dit pretendoient que le Roi de Perſe le piquoit ſenſiblement dans ſes lettres ſur la mort de Dara, & ſur l’emprisonnement de Chah-Jehan comme des actions indignes d’un Frere, d’un Fils, & d’un Muſulman ou fidele, & qu’il le piquoit même ſur ce mot d’Alem-Guire ou preneur de monde, qu’Aureng-Zebe avoit fait graver ſur ſa Monnoye ; Ils diſoient que c’étoient ceci les propres termes de la lettre. Puiſque tu es donc cet Alem-Guire Beſm-Illah, au nom de Dieu, je t’envoye une épée & des chevaux, aprochons-nous l’un de l’autre, ce qui eût été lui faire une eſpece de défi, s’il en eſt ainſi, je m’en raporte : Quoi qu’il ne ſe paſſe guere de choſes à cette Cour qu’un homme qui a de bonnes connoiſſances, qui ſçait la langue & qui n’épargne point non plus que moi l’argent pour ſatisfaire ſa