Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
du grand Mogol.

en humeur de railler les Indiens, ils en font ces trois ou quatre petits contes. Ils diſent que Chah-Jehan voyant que les careſſes & promeſſes qu’il avoit fait faire à l’Ambaſſadeur n’avoient su fléchir ſa fierté, & qu’il ne voulez en aucune façon ſaluer à l’Indienne, il s’aviſa de cet artifice ; qu’il commanda qu’on fermât la grande porte de la cour de l’Am-Kas où il le devoit recevoir, & qu’on ne laiſſât que le guichet ouvert par où un homme ne pouvoit paſſer qu’à toute peine en ſe courbant beaucoup & en s’abaiſſant la tête vers la terre comme l’on fait quand on ſaluë à l’Indienne, afin que du moins il fût dit qu’il avoit fait mettre l’Ambaſſadeur en une poſture qui étoit quelque chofe de plus bas que le Salam Indien, mais que l’Ambaffadeur qui s’aperçut de l’artifice entra le dos le premier. Ils encheriſſent là deſſus ; que Chah-Jehan piqué de ſe voir ainſi atrapé, lui dit, Eh-Bed-bakt, Eh malheureux, crois tu entrer dans une Ecurie d’ânes comme toi ? Et que l’Ambaſſadeur ſans s’émouvoir répondit, qui ne le croiroit à voir une ſi petite porte ? ils font encore le conte, qu’une autre fois Chah-Jehan trouvant mauvais quelques

ré-