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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/213

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du grand Mogol.

ſiere qui y eſt ſi importune. Enfin ils content que Chah-Jehan le preſſant de dire ce qui lui ſembloit de la grandeur des Rois de l’Hindouſtan en comparaiſon de ceux de Perſe, il répondit qu’on ne ſçauroit mieux comparer les Rois des Indes qu’à une grande Lune de quinze ou ſeize jours, & ceux de Perſe à une petite Lune de deux ou trois jours ; que cette réponse agréa ſur l’heure à Chah-Jehan, mais qu’il s’aperçût incontinent après que la comparaiſon ne lui étoit pas trop avantageuſe, & que l’Ambaſſadeur vouloit dire que les Rois des Indes alloient en diminuant, & ceux de Perfe en augmentant comme un croiſſant.

Que ces pointilles ſoient ſi fort à eſtimer, & des marques d’un ſi grand Eſprit comme ils pretendent, chacun eſt libre d’en juger, je croirois bien plûtôt qu’une gravité modeſte & reſpectueuſe ſieroient beaucoup mieux à un Ambaſſadeur que la fierté & la raillerie, & que ſur tout avec les Rois il n’y a jamais guere à railler, témoin l’accident qui en penſa arriver à ce même Ambaſſadeur, car Chah-Jehan en fut enfin ſi las & ſi ennuyé qu’il ne l’appelloit plus que le

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