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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/64

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Histoire des États

ſter aux ennemis il avoit été obligé de ſe retirer ; au lieu d’envoyer quelqu’un pour le recevoir, & pour le conſoler dans ſon infortune, elle commanda ſechement qu’on fermât les portes du Château, & qu’on ne laiſſât point entrer cet infame ; qu’il n’étoit point ſon mary ; qu’elle ne le vouloit jamais voir ; que le gendre du grand Rana ne pouvoit avoir l’ame ſi baſſe ; qu’il devoit bien ſe ſouvenir qu’étant entré dans une maiſon ſi illuſtre, il en falloit imiter la vertu, & qu’en un mot il falloit qu’il vainquît ou qu’il mourût : Un moment aprés la voilà dans d’autres mouvemens ; elle commande qu’on lui prepare le bucher ; qu’elle ſe veut brûler ; qu’on l’abuſe ; qu’il faut que ſon mari ſoit mort ; que cela ne peut être autrement : & un peu aprés on la voit changer de face, entrer en colere, & vomir contre lui mille injures ; en un mot elle demeura dans ces tranſports huit ou neuf jours ſans pouvoir ſe reſoudre à voir ſon mari, juſques à ce que ſa mere arriva, qui la remit un peu, & la conſola, lui promettant que ſi tôt que le Raja ſe ſeroit rafraichi, il remettroit une Armée ſur pied pour combattre Aureng-Zebe, & re-

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