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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/69

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du grand Mogol.

Chah-Jehan même étoient d’avis, & lui conſeilloient premierement de ne ſe point hazarder à donner la bataille, Chah-Jehan s’offrant, tout foible qu’il étoit, de ſortir en campagne & de ſe faire porter au devant d’Aureng-Zebe, ce qui étoit un bon expedient pour la paix & pour les affaires de Chah-Jehan ; car il eft certain qu’Aureng-Zebe & Morad-Bakche n’euſſent jamais eu l’audace de combatre contre leur propre pere, & que quand ils auroient été capables de l’entreprendre, ils s’en ſeroient mal trouvez ; parce qu’outre que la partie n’étoit pas égale, & que tout ce qu’il y avoit de grands Omrahs étoient ſi affectionnez à Chah-Jehan, qu’ils n’auroient pas manqué de combatre genereuſement s’ils l’euſſent veu à la tête de l’Armée ; les Capitaines même d’Aureng-Zebe & de Morad-Bakche avoient beaucoup d’affection & de reſpect pour ce Prince, dont ils étoient pour la plupart les creatures, & toute l’Armée, pour ainſi dire, étoit à lui. De ſorte que pas un apparemment n’eût eu la hardieſſe de mettre l’épée à la main contre lui, ni lui la peine de la tirer. Secondement ils lui conſeilloient qu’au cas qu’il ne voulût entendre à aucun expedient, il ne ſe preci-

pitât