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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/68

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Histoire des États

& plus de vingt mille hommes de pied avec quatre vingt pieces d’artillerie, ſans conter ce nombre incroyable de valets, & ces gens de Bazar ou marché qui font neceſſaires pour la ſubſiſtance des Armées dans la paix & dans la guerre, & que les Hiſtoriens mettent, à mon avis, bien ſouvent au nombre des combatans, quand ils parlent de ces épouvantables Armées de trois à quatre cens mille hommes dont leurs Livres ſont pleins : quoi que celle-ci fût très-belle & très-leſte, & aſſez forte pour en tailler en pieces deux ou trois comme celle d’Aureng-Zebe, qui n’avoit que trente cinq ou quarante mille hommes en tout, & encore laſſez & haraſſez d’une très-longue & très-penible marche durant le fort de la chaleur, avec peu d’artillerie au regard de celle de Dara ; neanmoins, (le pourroit-on croire ?) on ne voyoit preſque perſonne qui conçût rien de bon pour Dara, parce que l’on ſavoit que la plupart des principaux Omrahs ne lui étoient point affectionnez, & que tout ce qu’il avoit de bons Soldats à lui, & à qui il eût peu ſe fier, étoient dans l’Armée de Seliman-Chekouh ; & c’étoit pour cela que les plus prudens & les fideles de ſes amis, &

Chah-