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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/80

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Histoire des États

droits, faiſoit mine de vouloir venir fondre ſur lui ; ſi eſt-ce qu’il ne perdit point courage pour tout cela, & bien loin de prendre l’épouvante & de penſer à faire retraite, il tint toûjours ferme & appellant nom par nom la plupart de ſes premiers Capitaines qui s’étoient rangez autour de lui, il leur cria Delirané, ce furent ſes propres mots, comme qui diroit courage, mes anciens amis, Koda-hé, Dieu eſt ; quelle eſperance y a-t-il en la fuite ? Ne ſçavez-vous pas où eſt nôtre Decan ? Koda-hé, Koda-hé, Dieu eſt ; Dieu eſt ; & afin que perfonne ne doutât de ſa reſolution, & qu’il ne ſongeoit à rien moins qu’à la fuite (étrange extrémité) il commanda devant eux tous, qu’on mit ſur l’heure des chaînes aux pieds de ſon Elephant, & les alloit faire mettre effectivement ſans qu’ils lui témoignerent tous leur courage & leur reſolution.

Dara cependant tâchoit bien d’avancer ſur Aureng-Zebe, quoi qu’il fût encore aſſez loin, & que la difficulté du chemin l’embarraſſât beaucoup & le retardât, & même que tous ces hauts & bas fuſſent encore couverts de Cavalerie, qui toute en deſordre qu’elle étoit n’auroit pas laiſſé de faire quelque reſiſtance ;

auſſi