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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/79

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du grand Mogol.

niâtre des deux côtez ; Dara paroît toûjours ferme ſur ſon Elephant, encourageant, criant & faiſant ſigne de tous côtez, & avança enfin avec tant de reſolution & de force ſur tout ce qui s’oppoſa à ſa marche qu’il renverſa la cavalerie, & la contraignit de reculer & de prendre la fuite.

Aureng-Zebe, qui n’étoit pas loin de là & qui étoit auſſi monté ſur un Elephant, voyant ce grand deſordre, ſe trouva fort en peine & tâcha par tous moyens, mais ſans grand ſuccez, d’y remedier ; il fit avancer un gros de ſa meilleure cavalerie pour voir s’il pourroit tenir tête à Dara, mais il ne ſe paſſa pas encore long-temps que ce gros là même fut contraint de plier & de ſe retirer en grand deſordre, quoi qu’Aureng-Zebe pût dire & faire pour l’empécher. Remarquons cependant ſon courage & ſa reſolution, il voyoit que preſque tout le corps de ſon Armée étoit en deſordre & en fuite, de telle ſorte qu’il n’avoit pas auprès de ſoi mille hommes qui tinſſent ferme, (quelques-uns même me dirent qu’à peine en avoit-il cinq cens) il voyoit que Dara, nonobſtant la difficulté du chemin qui étoit inégal & plein de foſſés en divers en-

droits,