Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
du grand Mogol.

troupes de Flandres conduites par Monſieur le Prince, ou par Monſieur de Turenne, je ne fais aucun doute qu’ils ne paſſaſſent ſur le ventre à toutes ces Armées, quelques nombreuses qu’elles puiſſent être. Et c’eſt ce qui fait qu’à preſent je ne trouve plus ſi étrange & ſi incroyable ce qu’on nous dit des dix mille Grecs, & de ce que ces cinquante mille Soldats d’Alexandre firent contre les ſix ou ſept cens mille de Darius, (s’il eſt vrai qu’il y en eût tant, & qu’on ne contât point les valets, & toute cette grande quantité de gens qu’on fait ſuivre l’Armée pour la fournir de fourage, de bétail, de grains & de toutes les autres choſes qui lui ſont neceſſaires.) Soutenez ſeulement le premier choc, ce qui ne nous ſeroit pas trop difficile, les voilà tous étonnez ; ou bien comme fit Alexandre, pouſſez vertement un endroit, s’il ne ſoûtient pas, ce qui lui ſeroit bien difficile, ſoyez certain que c’en eſt fait, tout le reſte prendra incontinent l’épouvante & la fuite.

Aureng-Zebe encouragé par un ſi merveilleux ſuccés, ne manque pas de mettre tout en œuvre, adreſſe, ruſes, fineſſes & courage, pour profiter de tous les avantages que lui donne une ſi favorable

occa-