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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/89

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du grand Mogol.

diſſimulation d’Aureng-Zebe ; tout ce qui fe fait, tout ce qui ſe traitte, tout ce qui ſe promet n’eſt point pour Aureng-Zebe ; ce n’eſt point en fon nom ; il a toujours deſſein de vivre en Fakire ; tout eſt pour Morad-Bakche ; c’eſt lui qui commande ; Aureng-Zebe ne fait rien ; c’eſt Morad-Baxche qui fait tout, qui eſt deſtiné Roi.

Pour ce qui eſt de l’infortuné Dara, il s’en vint en diligence en Agra comme déſeſperé & ſans oſer aller trouver Chah-Jehan, ſe ſouvenant ſans doute de ces ſeveres paroles qu’il lui avoit dites lors qu’il prit congé de lui pour la bataille ; Souviens-toi, Dara, ſi tu és vaincu, de ne pas revenir vers moi ; neanmoins le bon vieillard ne laiſſa pas de lui envoyer ſecrettement un Eunuque affidé pour le conſoler, l’aſſurer de la continuation de ſon affection, lui témoigner le déplaiſir qu’il avoit de ſon infortune, & lui remontrer qu’il n’y avoit rien encore à deſeſperer, vû qu’il avoit une bonne Armée avec Soliman-Chekouk ; qu’il prît la route de Dehly ; qu’il trouveroit là mille chevaux dans les Eſcuries Royales, & que le Gouverneur de la Fortereſſe auroit ordre de lui fournir de l’argent avec des Elephans ;

qu’au