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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/90

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Histoire des États

qu’au rèſte il ne devoit s’écarter que le moins qu’il pourroit, qu’il lui écriroit ſouvent, & qu’enfin il ſçauroit bien attraper & châtier Aureng-Zebe. J’ai appris que Dara pour lors étoit dans une telle confuſion & ſi abatu qu’il n’eut pas la force de répondre un mot à l’Eunuque, ny le courage d’envoyer perſonne à Chah-Jehan, mais ſeulement, qu’aprés avoir envoyé pluſieurs fois vers Begum-Saheb, il partit à minuit emmenant avec ſoy ſa femme, ſes filles & ſon petit fils Sepé-Chekouh ; & ce qui eſt quaſi incroyable, qu’il ne ſe trouva pas accompagné de plus de trois à quatre cens perſonnes. Laiſſons le poursuivre ſon chemin vers Dehli, & nous arrêtons en Agra pour y conſiderer l’adreſſe avec laquelle Aureng-Zebe ſe va prendre aux affaires.

Il ſçavoit bien que Dara & ceux de ſon parti pouvoient encore fonder quelque eſperance ſur l’Armée victorieuse de Soliman-Chekouh ; c’eſt pourquoi il ſe propoſa de la lui ôter, ou du moins de la rendre inutile. Pour cet effet il écrivit lettres ſur lettres au Raja Jeſſomſeingue & à Delil-kan qui étoient les premiers Chefs de l’Armée de Soliman-Chekouh, qu’il n’y avoit plus rien à

eſperer