Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/18

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ment irrésistible à fournir. Oui, il reconnaissait avoir vendu 27.000 pièces fausses à M. Chasles, oui, il reconnaissait en avoir reçu, grâce à la fable du « vieux monsieur », une somme de 140.000 francs, oui, il reconnaissait avoir fabriqué toutes les lettres de Pascal. Mais… mais il avait à cela des raisons d’ordre supérieur.

Ici, nous lui laisserons la parole.

Dans un mémoire inédit qu’il rédigea à Mazas le 29 septembre 1869, quelques jours après son arrestation, il expose comment, pour déjouer l’envie d’amateurs jaloux, il s’essaya par manière de jeu à rédiger quelques autographes de sa façon, semés de fautes grossières et de volontaires anachronismes, comment la fatalité voulut que M. Chasles vît le premier ces faux qui ne lui étaient point destinés et désirât à tout prix les acquérir :


… « Il m’en offrit un prix raisonnable et enfin il me tourmenta tant et tant que j’eus la malheureuse faiblesse de me laisser entraîner à cet appas ; j’en ai aujourd’hui le plus grand et le plus sincère repentir, car, je le repette, mon intention n’était point d’en tirer profit, je ne voulais faire qu’une mystification, mais qui n’avais point été préparée pour M. Chasles que j’ai toujours beaucoup respecté et vénéré comme il mérite de l’être. Enfin malheureusement pour moi, le coup fatal me fut ainsi porté : la volonté de l’homme a de la force sans doute, mais à condition qu’on ne la place pas dans des circonstances assez puissantes