Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à se caser dans cette maison qui avait, il faut l’avouer, mauvaise réputation, passant à tort ou à raison pour avoir fabriqué nombre de pièces fausses. Peu importait à Lucas, qui, gagnant sa vie par son travail de placier, était désormais assez de loisir pour poursuivre ses études et hanter ses chères bibliothèques.

Tour à tour, Sainte-Geneviève, l’Arsenal, la Mazarine, la Bibliothèque impériale le comptèrent au nombre de leurs clients fidèles. Une sotte aventure lui arriva un jour à Sainte-Geneviève, où un surveillant le surprit, un instrument tranchant en main, à considérer de trop près les rayons du dépôt ; cette peccadille lui valut d’être expulsé sur l’heure.

Hors du temps qu’il consacrait à la lecture, il trouvait encore moyen de suivre les cours de la Sorbonne et non pas, fit remarquer plus tard son avocat, ceux de Guizot, Michelet et Cousin fort achalandés, mais les cours plus sévères de Damiron, Lenormand et Géruzez.

Resté en contact avec son pays natal, il était enfin en 1856, sur la présentation de M. Roux, nommé membre correspondant de la Société archéologique du département d’Eure-et-Loir : c’était la gloire !

Elle ne lui tourna pas la tête, il ne semble même avoir jamais rien communiqué à la Société et si, en 1865, il s’offrit bénévolement pour classer les archives hospitalières de Châteaudun, il ne s’acquitta jamais de cette tâche, qu’il eût d’ailleurs difficilement menée à bien en son ignorance du latin.

Franchement, y a-t-il beaucoup de jeunes gens de son âge, sans famille, sans fortune, sans appuis, qui, abandonnés sur le pavé de Paris, en proie à toutes les tentations de la