Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/7

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grand’ville, eussent mené une existence aussi exemplaire d’austère bénédictin ?

Il en fut récompensé : en 1862, il entra en rapports avec M. Michel Chasles, le savant membre de l’Institut, titulaire de la grande médaille d’honneur de la Société royale de Londres, « le premier géomètre de France, sinon du monde ».

M. Chasles était de Chartres, Lucas lui apprit qu’il était de Châteaudun : d’amicales relations ne tardèrent pas à s’établir entre les deux compatriotes.

À dater de cette bonne rencontre, Vrain Lucas consacra encore plus de temps à ses érudites recherches. Ses journées étaient toutes consacrées au labeur : sorti de chez lui à onze heures, il déjeunait, suivant l’état de ses fonds, soit au café Riche, soit dans une petite crémerie, passait ensuite sa journée entière à « la Bibliothèque » et, après souper, retournait travailler chez lui.

C’était un homme heureux.

M. Michel Chasles, le membre de l’Institut, n’était pas un savant du plus haut mérite, universellement respecté. C’était aussi un passionné collectionneur d’autographes et qui possédait une fort belle collection.

Mais il n’avait pas du collectionneur les petites mesquineries habituelles et l’étroitesse d’esprit. Il aimait à faire part de ses trouvailles à ses amis et à ses pairs et, foncièrement généreux, n’hésitait pas à se dessaisir à l’occasion de pièces splendides, « uniques », en faveur des érudits français et étrangers qu’elles pouvaient intéresser.