Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/75

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et encore vous devriez avoir honte de n’estre pas plus raisonnable à vostre aage. Sçachez que vous n’avez pas plus de grâce à faire toute vos fredaynes qu’un gros bouledogue à jouer avec le petit chat.

Quoy ! Vous osez porter les traits de la satyre jusques sur les actions des souverains. C’est avec raison qu’on vous a surnommé le fléau des princes. Quoy ! vous recevez leurs présents et vous les insultez.

Ce n’est pas ainsy, mon cher amy, qu’on doibt se conduire, croyez-moy. Changez de manière ; puisque vous vous proposez d’aller en France, visitez le roy. Il vous recevra bien, soyez en assuré, et vous mettra à mesme de passer une vie plus heureuse que celle que vous menez. Remettez luy la lettre que je vous envoye pour luy et lorsque vous y serez, escrivez moy vostre réception. Je voudrois apprendre que vous estes aussy rangé que moy. Je ne vous dis rien de plus.

Je vous fais cette lettre en françois, parce que je sçay que vous aymez cette langue plus que toutes autres et que vous vous plaisez à vous y bien familiariser. Je vous en félicite du reste, car c’est la plus universalement connue depuis longtems.

Maintenant, je suis vostre serviteur. Il faut que j’aille me coucher et sonne huit heure de la nuit, Adieu et bon voyage.

Ce x juing.

Albrecht Durer.


[Note de Rabelais :]