Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/74

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À maistre Pierre Arétin.


Mon ami,

J’ay appris que vous alliez en France, c’est pourquoy je vous envoye quelques lettres de recommandation pour des amys que j’y ay et j’espère que vous serez bien reçu d’eux. Je vous envoye aussy quelque argent, car je n’ignore pas que vous en aurez besoing. Je vous prie donc l’avoir pour agréable.

Mon amy, vous ne voulez donc pas devenir raisonnable ? Vous faites toujours ou le meschant ou l’aymable, le meschant avec ceux qui vous veulent du bien et l’aymable avec ceux qui vous pousse dans la mauvaise voye. Mais songez-y donc, mon cher Arétin : l’amabilité vous sied comme la civette aux lanquenets.

Vous faites le meschant avec le Roy de France qui, comme vous le sçavez fort bien, est le meilleur roy du monde et le mieulx intentionné pour vous, sy vous aviez sçeu le comprendre. Mais non ! vous semblez vous mocquer de ce qu’il fait pour vous et en abusez. Vous faites l’aimable, vous vous habillez et vous vous pavoisez de rubans pour courir les ruelles come ung estourdy. Décidément vous voulez devenyr irrésistible et vous croyez que tout est dit, lorsque vous estes parvenu à plaire à quelques femmes de mœurs faciles,